Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/232

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— Avez-vous une profession ?

Elle soupira et se tut.

Bernier comprit. La Lucrétia était vierge folle, ou peu s’en fallait.

— Mais, enfin, lui dit-il, qu’est-ce que vous veut cet homme ?

— Le capitaine ?

— Oui. Ce misérable Solérol, qui est le pourvoyeur de la guillotine et dénonce ses chefs…

— Cet homme, dit la Lucrétia en tremblant, me veut faire accomplir un crime.

— Un crime !

— Oui, et ce que veut cet homme, je ne puis le dire.

Le sergent Bernier n’insista pas.

— Je vois, dit-il que vous êtes à la merci de cet homme. Aussi vous protégerai-je !

Ils hâtèrent le pas, arrivèrent au carrefour Buci, et la Lucrétia s’arrêta devant une petite porte bâtarde.

La maison, sans doute, n’avait point de concierge, car la Lucrétia souleva un loquet masqué par une plaque mobile de la largeur d’un écu, et la porte s’ouvrit.

— Donnez-moi la main, dit-elle au sergent en l’introduisant dans une allée noire, au bout de laquelle ils trouvèrent un escalier tournant, avec marches usées, et qui n’avait d’autre rampe qu’une corde fixée dans le mur par des anneaux placés de distance en distance.

Ils grimpèrent au sixième étage, au milieu d’une obscurité profonde.

La Lucrétia tira une clef de sa poche, ouvrit une porte et poussa le sergent devant elle.