Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/233

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Celui-ci vit briller quelque chose de rouge à ses pieds.

Il était auprès d’une cheminée, et c’était un tison enseveli sous la cendre qui jetait cette lueur rouge.

La Lucrétia se baissa, prit le tison d’une main, et une chandelle qui se trouvait sur la cheminée de l’autre, puis elle souffla et arracha au tison des milliers d’étincelles.

La chandelle fut allumée.

— Voici ma chambrette, dit-elle en posant ce modeste flambeau sur une table.

Le sergent vit alors une petite pièce pauvrement meublée, à l’unique croisée en tabatière.

Sur la table en bois blanc, il y avait les ustensiles dont se sert une ouvrière fleuriste.

— Vous travaillez donc ? demanda le sergent.

— Je travaillais, dit-elle ; mais il y a longtemps que je n’ai plus d’ouvrage.

Elle se laissa tomber sur une chaise, comme accablée par l’émotion qu’elle venait d’éprouver.

Le sergent la regardait, il constatait qu’elle était merveilleusement belle, en dépit de sa pâleur presque maladive et de son regard brillant de fièvre.

Deux ou trois fois elle se leva vivement et courut à sa fenêtre.

— Vous avez donc peur qu’il revienne ? dit Bernier.

— Oh ! oui.

— Mais puisque je suis là…

Elle regarda tour à tour son lit et les deux chaises qui composaient son mobilier.

Bernier comprit son embarras.

— Tenez, dit-il, je suis un honnête homme et inca-