Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/239

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— Quand ?

— Tout de suite…

— Mais vous savez bien qu’il me poursuit toujours.

— Le capitaine ?

— Oui. Il est encore venu ce soir.

— Ici ?

— Oh ! non… là-bas…

— J’ai des pistolets dans ma poche. Tu n’as rien à craindre à mon bras.

Bernier, immobile derrière les rideaux du lit, entendit la Lucrétia pousser un soupir.

— Ma petite Lucrèce, reprit la voix qui essaya de devenir caressante, est-ce que tu ne finiras pas par m’aimer.

— Ah ! monsieur le marquis, répondit la jeune fille, vous savez bien que cela est impossible.

— Pourquoi ?

— Mais parce que mon cœur est mort…

— Le cœur d’une femme de vingt ans ne meurt pas.

Bernier entendit un nouveau soupir.

Puis la Lucrétia reprit :

— Monsieur le marquis, vous savez bien quelles sont nos conventions.

— Oui, dit la voix.

— Vous avez fait de moi votre esclave, parce que vous portez un nom qui est sacré pour moi. Je passe pour votre maîtresse, parce que cette supposition sert vos projets. Que m’importe ! l’honneur de la Lucrétia, une courtisane, n’est cher à personne…

— Lucrèce !