Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/240

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— Mais je ne puis ni ne veux vous aimer. Ainsi, il faut que je vous suive là-bas, ce soir ?

— Oui.

— C’est bien. Partons…

— Tout va bien, reprit la voix. Nos mesures sont prises, nous réussirons.

Lucrèce soupira encore.

— Dieu vous protège ! dit-elle, mais j’ai peine à croire que les municipaux et la Commune n’aient pas l’éveil.

— Oh ! oh ! pensa le sergent Bernier, me voici en pleine conspiration royaliste. Écoutons.

Mais la Lucrétia qui ne voulait pas, sans doute, avertir son visiteur de la présence du sergent et qui, d’un autre côté, craignait peut-être que le premier n’entrât dans les détails d’une affaire sans doute mystérieuse, la Lucrétia, disons-nous, ajouta vivement :

— Eh bien, emmenez-moi tout de suite, j’ai peur de cet homme !

— Du capitaine ?

— Oui.

— Il t’aime comme un fou, dit encore la voix… et c’est grand dommage qu’il faille le ménager. Mais il nous est impossible de faire autrement ; allons, viens.

Bernier toujours immobile et muet au fond de sa cachette, entendit la Lucrétia rouvrir la porte, puis les pas du visiteur franchir le seuil.

Alors la jeune fille s’approcha et dit tout bas, en soulevant le rideau :

— Ne bougez pas… merci.

Et Bernier l’entendit s’éloigner et fermer la porte.