Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/249

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impossible par conséquent, qu’elle pût affirmer pour un fait, ce qui ne pouvait être qu’un rêve… impressionnés par cet accent de désespoir, obéissant à de mystérieux pressentiments, ils sautèrent sur leurs fusils et s’élancèrent hors de la cabane sur les pas de Myette.

Myette courait pieds nus dans la neige, et elle marchait si vite que les deux amis avaient peine à la suivre.

Elle s’enfonça dans le bois, prit un sentier qui serpentait en mille détours à travers les broussailles, et précipita de plus en plus sa course.

— Voilà un fait étrange, murmura Cadenet.

Machefer, plus froid, plus sceptique, était revenu en quelques secondes de cette sorte d’épouvante irréfléchie qui avait jeté les deux jeunes gens sur les pas de Myette.

— Vraiment, dit-il à Cadenet, nous sommes des enfants… allons-nous pas croire à la double vue, maintenant ?

— J’y crois, moi, dit Cadenet.

— Quelle folie !

Tout en causant, ils couraient toujours car Myette n’avait point ralenti sa marche.

— J’y crois, reprit Cadenet, parce que la chose m’est arrivée.

— À toi ?

— À moi ! Une nuit, je dormais profondément, il y a quinze ans de cela, un homme m’apparut dans mon sommeil. Il était vêtu de blanc, bien que ses habits affectassent la tournure militaire. Je reconnus mon cousin-germain, François de Cadenet, alors garde-du-corps. Il me fit signe