Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/252

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— Te sens-tu de force à porter ce malheureux sur tes épaules ?

— Oui, répondit Cadenet.

Ils reprirent le chemin de la cabane qui était à peu près d’une lieue.

Myette, prise d’une crise nerveuse, se débattait dans les bras de Machefer, riant et pleurant tour à tour, mais ayant complètement perdu la tête.

Malgré leur double fardeau, les deux jeunes gens se reprirent à marcher d’un pas rapide.

Si Jacomet respirait, peut-être était-il temps encore de le sauver. Mais pour cela, il ne fallait point le laisser exposé davantage à l’air glacé de la nuit.

À la crise nerveuse de la jeune fille avait succédé, au bout de quelques minutes, une sorte d’anéantissement complet, et sa jolie tête pâle s’était renversée sur l’épaule de Machefer.

Enfin, au bout de trois quarts d’heure, Cadenet et son ami touchèrent le seuil de la cabane.

Là seulement, Myette revint à elle, se souvint de tout et, fondant en larmes, mais retrouvant une énergie nouvelle dans sa douleur, elle aida Cadenet à porter son père sur son lit.

Cadenet et Machefer déshabillèrent le bûcheron, dont le cœur continuait à battre, bien qu’il fût privé de sentiment.

Puis Cadenet, qui avait quelques connaissances chirurgicales, sonda les blessures et reconnut qu’aucune d’elles n’était mortelle.

— Ton père vivra, dit-il à Myette.