Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/262

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— Je vous écoute, madame, répondit le sergent qui continuait à demeurer debout devant elle.

— Croiriez-vous, reprit la Lucrétia, que je suis une pauvre fille presque sans ressources, ayant abandonné son toit paternel, et n’ayant d’autre abri véritablement sien que la misérable chambre où je vous ai conduit hier ?

— Alors, dit le sergent, qu’est-ce que tout ce luxe ?

— Ici, rien n’est à moi… pas même les vêtements que je porte.

— Madame, répondit Bernier, excusez-moi, mais je suis un pauvre soldat qui n’a jamais su déchiffrer les énigmes.

— Avez-vous entendu l’homme qui est venu chez moi la nuit dernière et avec lequel je suis partie du carrefour Buci ?

— Oui, et si je n’ai pas vu son visage, au moins reconnaîtrais-je sa voix.

— Eh bien, je passe pour la maîtresse de cet homme.

— Et vous ne l’êtes pas ?

— Non.

— Et tout ce luxe vient de lui ?

— Sans doute. Aux yeux de tous, vous dis-je, je suis sa maîtresse.

— Mais… pourquoi ?

— Mystère ! dit la Lucrétia : mystère pour vous… mystère pour moi…

— Madame, reprit le sergent, vous avez raison d’employer ce mot, car, Dieu me damne ! si j’y comprends quelque chose.

La Lucrétia le regarda fixement.