Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/275

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— Citoyen, répondit mademoiselle de Vernières, avec le calme d’une Romaine, j’épouserai le citoyen Solérol ; faites tomber la tête, mais sauvez le nom.

— Comprends-tu maintenant ?

— Hélas ! dit Mâchefer.

Cadenet reprit :

— Le marquis, persuadé que son arrestation était de pure convention et simplement pour la forme, attendit patiemment l’heure de son jugement ; il entra dans l’enceinte du tribunal révolutionnaire avec la conviction qu’il serait félicité de son civisme, et jeta un cri de stupeur en s’entendant condamner à mort.

Il voulut parler, on ne l’écouta pas, et à cinq heures du soir, le même jour, sa tête tomba, et l’honneur des Jutault fut sauf.

— Et la Lucrétia ?

— Elle chassa Bernier en apprenant qu’il avait entendu la conversation du marquis et de Solérol et qu’il s’était tu. S’il avait parlé, s’il avait averti Marion, celle-ci eût prévenu les chevaliers du Poignard assez à temps pour qu’ils pussent se sauver.

Le silence du sergent coûta la vie à vingt-quatre personnes.

— Mais pourquoi ce silence ?

— Parce que, répondit Cadenet avec dédain, Bernier était républicain et qu’il ne voulait pas desservir la République.

— Maintenant, acheva le narrateur, comment avons-nous retrouvé Lucrèce évanouie dans les bras de Bernier,