Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/274

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— Mais, dit Machefer, il est une chose que je ne comprends pas bien…

— Laquelle ?

— Puisque le marquis livrait ses complices, pourquoi fut-il guillotiné ?

— Ah ! ceci fut l’œuvre infernale de Solérol. Écoute bien, et tu vas comprendre. Ce misérable est le fils d’un ancien tabellion de Coulanges, il savait que le marquis avait, en Bourgogne, une cousine, une héritière, mademoiselle Hélène.

Sais-tu ce qu’il fit ? il songea à vendre l’honneur de la famille Jutault, au prix de la main de mademoiselle de Vernières.

— Je commence à comprendre…

— Un matin, tu le sais, mademoiselle de Vernières partit précipitamment pour Paris. Elle fut conduite chez Robespierre, qui mit sous ses yeux la lettre du marquis de Jutault et lui dit :

« — Mademoiselle, si cette lettre est publiée, le nom de Jutault sera déshonoré à jamais. Votre cousin sera général et la Convention lui votera des remercîments pour son patriotisme. Voulez-vous sauver le nom ou perdre l’homme ?

« Dans le premier cas, vous épouserez le colonel Solérol, qui est mon ami, et qui sera bientôt chef de brigade, et votre cousin sera guillotiné pour avoir voulu sauver la reine. Il mourra pur de toute tache.

« Dans le second cas, mademoiselle, vous serez la cousine du citoyen Jutault, ci-devant marquis, excellent patriote, nommé général de la République en récompense de ses bons et loyaux services.