Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/281

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sceptre, sceptre qui, de mains en mains, était tombé à Barras.

Mademoiselle Diane de Vernières était une femme de trente ans.

Certes, à la voir, on concevait que jamais le nom belliqueux de la déesse antique n’avait été mieux porté.

Grande, robuste, fort belle encore, elle avait de grands yeux noirs, des lèvres rouges, d’abondants cheveux d’ébène.

Elle montait à cheval comme un homme, tuait une hirondelle au vol d’un coup de pistolet, et on se souvenait dans le pays qu’un jour où elle avait rencontré un patriote en bonnet rouge qui s’était permis de l’insulter, elle lui avait administré une grêle de coups de cravache.

Tandis que Henri courait les bois et roucoulait sous les fenêtres de sa cousine, mademoiselle Diane de Vernières songeait à renverser la République et à restaurer le roi Louis XVIII sur le trône de son malheureux frère.

Quand la révolution avait éclaté, mademoiselle Diane n’était plus une toute jeune femme ; elle avait près de vingt-cinq ans, et il y en avait bien sept ou huit que, malgré son peu de fortune, elle était recherchée par tous les gentilshommes des environs.

À tous elle avait fait la même réponse :

— Je ne veux pas me marier !

Et cependant à quinze ans, c’était une belle et rieuse enfant, que mademoiselle Diane…

Il fallait la voir aux bals du gouverneur de la province du Nivernais, comme elle était folle et charmante.

Il fallait entendre ses éclats de rire perlés et moqueurs,