Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/287

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et va-t’en aux Roches. Tu diras à mon père que je vais aller dîner chez ma tante, la chanoinesse de Mailly. Je ne suis plus qu’à une lieue de Chastel-Censoir, et j’y arriverai bien avant l’orage.

— À savoir… dit Jacomet.

— Eh bien, si la pluie me prend, je m’abriterai sous les roches des Saussayes.

— Faudra-t-il aller vous chercher ce soir, mademoiselle ? demanda Jacomet.

— Oui, viens à dix heures… l’orage sera passé depuis longtemps. Pluie de juin ne dure pas.

— Mademoiselle, observa Jacomet, la route est bien déserte d’ici à Chastel-Censoir.

— Qu’est-ce que cela me fait ?

— Il y a souvent des mendiants dans le pays, des rôdeurs de bois… des gens qui pillent et assassinent.

Diane montra en souriant les fontes de sa selle et la crosse de deux pistolets mignons dont, au besoin, elle savait faire usage.

Jacomet partit, et la jeune fille intrépide continua son chemin.

Mais Jacomet avait eu raison. L’orage éclata bientôt.

Diane mit son cheval au galop, et arriva aux roches des Saussayes.

C’étaient de grandes roches creuses qui dominaient l’Yonne et qui pouvaient servir d’abri.

Diane s’y réfugia, au moment où le premier coup de tonnerre ébranla la voûte céleste et faisait trembler au loin les bois et les collines.

Un homme, comme elle, y avait cherché un abri.