Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/288

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C’était un paysan, moitié braconnier, moitié mendiant, la terreur des environs, un homme aux instincts féroces et qu’on accusait tout bas de plus d’un méfait.

Il avait volé un mouton à un fermier, une vache à un autre ; il avait mis le feu à une meule de blé, selon les uns, violenté une jeune fille, selon les autres.

Mais rien de tout cela n’avait été prouvé, et cet homme qu’on appelait le Grelu, à cause de son visage couturé de petite vérole, n’avait jamais été mis en prison.

Il demanda la charité à Diane, et Diane lui donna un écu.

Puis, pour la remercier sans doute, il ramassa sous la roche une poignée de feuilles sèches, et bouchonna le cheval qui était blanc d’écume.

Diane se prit à causer avec lui, en attendant que l’orage fût dissipé.

Mais l’orage continua, la nuit vint…

À partir de ce moment, que se passa-t-il ?

Jacomet le devina sans doute.

Le jeune homme avait gagné les Roches au galop et s’y était acquitté de sa mission ; puis insouciant de l’orage, il était reparti pour rejoindre sa jeune maîtresse.

Quand il arriva à son tour près des Roches creuses des Saussayes, un bruit étrange se mêla au bruit de l’orage.

Un éclair se fit, mêlant sa clarté sinistre aux lueurs de la foudre.

Ce bruit et cet éclair, c’était un coup de pistolet.

Jacomet pénétra sous la roche et trouva mademoiselle Diane affolée, sinistre, plus livide que les feux du ciel, debout auprès d’un cadavre.