Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/298

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L’enfant obéit et, après avoir attaché Fatma qui était une belle jument percheronne, renommée pour sa vitesse, il alla chercher dans l’écurie le bidet gris.

Mais Cadenet, qui avait appuyé son front aux vitres d’une autre croisée qui donnait sur la forêt, comme celle qu’avait ouverte Diane, donnait sur la cour, Cadenet se retourna brusquement et dit :

— C’est bien lui !… rassurez-vous, mademoiselle… c’est Henri !…

Diane courut rejoindre Cadenet et vit, en effet, un homme qui accourait, par une allée forestière, vers le château.

Diane aussi le reconnut.

— C’est bien Henri, dit-elle.

— Et il court comme un homme qui n’est ni blessé ni boiteux.

— Il court en homme poursuivi ! s’écria Diane.

Elle s’élança hors du petit salon et courut à la rencontre de son frère.

Mais déjà Henri était à la porte du manoir et il entra dans le vestibule, pâle, les vêtements en désordre et l’œil hagard…

Il avait son fusil en bandoulière, mais le canon, noirci au tonnerre témoignait qu’il avait fait feu de ses deux coups.

— Ils viennent… ils viennent !… dit-il, fermez les portes !

— Qui donc ? demanda Cadenet abasourdi.

— Qui donc ? répéta Diane affolée.

— Les gendarmes.