Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/300

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peur de la mort… je veux bien être guillotiné… mais pas pour cela !…

Et, comme il se faisait un bruit au dehors, il répéta :

— Fermez les portes ! ils ne m’auront pas vivant !… Diane, j’ai perdu mon carnier, donne-moi de la poudre… je veux me défendre !

Cadenet s’avança, sur le seuil de la porte, et vit, en effet, une escouade de cinq gendarmes à cheval.

— J’ai pris une avance sur eux, dit Henri qui s’était emparé d’une poire à poudre, et rechargeait son fusil ; j’ai passé à travers bois… mais les voilà !… Fermez ! fermez !

Diane, épouvantée de l’état de son frère, lui avait pris la main et disait :

— Mais parle donc, mon enfant… que t’est-il arrivé ?… parle…

Henri avait la tête perdue, il n’était plus préoccupé que d’une chose, c’était de ne point laisser entrer les gendarmes.

Ceux-ci avaient fait halte à vingt pas de la porte et avaient paru se consulter.

— Que désirez-vous ? leur cria Cadenet.

Le brigadier répondit :

— Est-ce bien la maison du citoyen Henri Jutault de Vernières ?

— Oui.

— C’est à lui que nous en avons…

— Que lui voulez-vous ?

— Nous venons l’arrêter…

Cadenet ferma la porte sur ces mots, tira les verrous et regarda Henri.