Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/312

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— Tu m’as déjà dit cela. Après ?

— Une heure plus tard, le feu a pris… Vous venez de voir tous deux que la ferme flambait joliment.

— Voilà justement où nous commençons à ne plus comprendre de quelle nature est le piège que tu lui as tendu.

— Écoutez-moi attentivement et vous comprendrez.

— Voyons.

— La gendarmerie a été prévenue que j’étais sur la trace des incendiaires ; la brigade de Courson s’est cachée dans les bois, à un quart de lieue de la Ravaudière. En outre, j’ai écrit au commandant des troupes d’Auxerre et je lui ai demandé une compagnie d’infanterie.

— Tu les as donc avertis que la ferme brûlerait ?

— Pas précisément, seulement je leur ai dit qu’il y avait de vagues rumeurs, dans le pays, et que le prochain incendie ne tarderait point à éclater.

— Les gendarmes seront arrivés sur le lieu du sinistre à la première alarme, en ce cas ?

— Naturellement. Une ferme ne brûle pas en dix minutes. On aura eu le temps de constater que Henri était absent.

— Ah ! c’est juste !

— Et le fermier s’écriera : J’en ai douté longtemps, mais je ne doute plus à présent ; c’est M. Henri de Vernières qui est le chef des incendiaires ! Alors, on l’arrêtera, on le conduira à Auxerre… et là, je m’en charge !

— Mais… le capitaine ?

— Oh ! celui-là, dit le chef de brigade avec un sourire sinistre, je crois que sa mission secrète est terminée.