Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/36

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— Malheureusement, dit l’ex-fournisseur, cela ne s’est jamais vu.

— N’importe, j’insiste et je vous demande si vous le reconnaîtriez ?…

— J’ai ses traits présents à l’esprit comme s’il était là.

Cadenet se tourna vers Barras :

— Citoyen directeur, dit-il, la patience est la vertu des hommes qui gouvernent les peuples… Soyez patient jusqu’au bout.

Cette flatterie dérida le front de Barras.

— Que voulez-vous donc de moi, monsieur le revenant ? demanda-t-il.

— Une éponge et de l’eau, répondit Cadenet.

— Pourquoi ?

— Mais pour me débarbouiller afin que monsieur me reconnaisse.

Et il désignait Dufour.

En même temps, il posa la main sur l’épaule de Marion :

— Et voilà une jolie fille, dit-il, qui serait bien aimable de me venir en aide dans cette besogne…

Barras écoutait stupéfait. L’aplomb de cet homme qui disait être mort et qui demandait une éponge et de l’eau comme un vivant des plus vulgaires, déconcertait le directeur.

Cependant il lui dit, montrant une porte au fond du salon :

— Veuillez entrer dans ma chambre, là… vous y trouverez ce que vous demandez.

Cadenet prit le bras de Marion et l’entraîna, sans que ni