Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/37

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madame Tallien, ni Barras, ni Dufour eussent eu le temps de s’y opposer.

— Singulier personnage que vous m’avez présenté là, madame ! dit Barras à madame Tallien.

La jeune femme était encore tout étourdie de la tournure bizarre qu’avait prise la présentation du citoyen Cadenet.

— Mon cher directeur, dit-elle à Barras, je vous assure que mon ami est un fort aimable homme, en dépit de ses tatouages.

— Veuillez donc alors me dire son nom ?

— Le marquis de Cadenet, répondit madame Tallien.

— Comment ! vous aussi, madame…

— Je l’ai toujours connu sous ce nom.

— Mais il est mort le marquis de Cadenet ! s’écria Dufour. Je l’ai jugé et condamné.

— Alors, il aura été sauvé…

— Non, je suis sûr qu’il a été guillotiné. — Eh bien ! c’est un autre Cadenet, voilà tout, dit madame Tallien.

— Depuis quand le connaissez-vous, celui-là madame ?

— Depuis 1792.

— Tout cela est assez bizarre, murmura Barras, et je suis curieux de savoir…

— Chut ! fit madame Tallien, souriante, le voilà qui revient…

Le citoyen Cadenet s’était enfermé avec Marion dans le cabinet de toilette du directeur Barras.

Marion était pâle comme une morte et ses dents claquaient.