Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/45

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n’eut le temps ni de baiser les mains de Marion, ni de renouveler ses offres tentatrices, car deux hommes, cachés jusque-là derrière un tronc d’arbre, s’élancèrent sur lui et l’étreignirent.

Barras jeta un cri ; mais ce cri ne fut point suivi par un autre cri, car on lui passa un mouchoir dans la bouche, en guise de bâillon.

En même temps un des hommes fit entendre un coup de sifflet, et un troisième personnage vint à leur aide.

Marion s’était levée tout éperdue, mais elle n’avait eu garde de crier.

L’agression dont le directeur était victime était si brusque, si inattendue, qu’il ne put faire usage de sa force herculéenne.

Il fut lié, garrotté, bâillonné en un tour de main ; puis, un de ses trois ravisseurs le chargea sur ses épaules, comme il eût fait d’un enfant, et Barras, qui se débattait en vain et dont le bâillon étouffait les cris, fut emporté à travers la partie la plus fourrée du parc de Grosbois.

Marion suivit les ravisseurs.

Pendant ce temps, on dansait au château et sur les pelouses, et la fête était dans toute sa splendeur.

En vingt minutes d’une course précipitée, les ravisseurs eurent atteint une des lisières du parc.

Le parc de Grosbois avait alors pour unique clôture une haie vive bornée d’un fossé.

Sur le revers opposé du fossé passait un chemin de traverse qui allait rejoindre la grande route.

La haie vive avait une brèche. Les ravisseurs y passèrent.