Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/46

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Le fossé était large, mais ils le franchirent d’un seul bond.

Sur la route était une voiture fermée, attelée de deux vigoureux percherons harnachés en poste.

L’un des ravisseurs ouvrit la portière, et Barras, à moitié suffoqué par le bâillon, fut jeté dans la voiture.

L’un des trois hommes monta sur le siège, les deux autres se placèrent à la gauche et à la droite de Barras, et comme la voiture avait deux sièges, Marion s’assit vis-à-vis de lui.

Alors Barras s’aperçut, à la lueur que projetaient à l’intérieur les lanternes, que les trois hommes étaient masqués et couverts d’amples manteaux.

Et le directeur se souvint du billet anonyme qu’il avait reçu le matin et dans lequel on le prévenait qu’il courait risque d’être assassiné.

— Je suis un homme perdu ! pensa-t-il.

Mais comme il était brave, il songea à bien mourir.

Tout cela s’était accompli sans bruit, et aucun des trois hommes n’avait parlé.

Aussitôt la portière fermée, le postillon fit claquer son fouet, et la voiture partit au grand trot de deux percherons.

Alors un des trois hommes prit un stylet à sa ceinture, et un rayon de la lanterne qui tomba sur la lame en fit jaillir un éclair.

Barras tressaillit.

— Monsieur, dit alors le ravisseur, vous pouvez crier maintenant, on ne vous entendra pas, et comme j’ai besoin