Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/72

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Elle était pâle et triste, mais son œil brillait d’une résolution suprême.

— Arrêtez ! dit-elle.

Et elle promena un regard dominateur sur tous ces hommes.

— Ce n’est point à nous, ajouta la marquise, à nous les victimes, à nous les persécutés, de nous montrer plus impitoyables que les bourreaux.

Elle vint se placer devant Barras comme pour lui faire un rempart de son corps.

— Moi, vivante, dit-elle, vous n’attenterez pas à la vie de cet homme.

— Madame, dit le président de ce tribunal qui venait de condamner Barras, si nous faisons grâce à cet homme, il nous enverra tous à l’échafaud.

— Ma tête ne tient déjà plus sur mes épaules, dit Machefer.

— Et la mienne branle étrangement, murmura Cadenet.

Derrière la marquise, un homme était entré.

C’était le petit vieillard au gilet de peau humaine.

— Monsieur le comte, dit-il, le chevalier d’Aiglemont, votre ami, me fit une recommandation avant d’aller à l’échafaud.

Barras ne sourcilla point.

— Il voulut, continua Souchet, que je parvinsse, un jour ou l’autre, jusqu’à vous, et que je vous engageasse à redevenir un bon et fidèle sujet du roi.

Le directeur haussa les épaules.

Le président continua, s’adressant à la marquise de Valensolles.