Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/74

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Mais la marquise jeta ses bras au cou de Barras et s’y cramponna.

— Eh bien ! moi, dit-elle, moi, faible femme que la Terreur a rendue veuve, moi mère sans enfants, je vous adjure, au nom du roi martyr, de ne point attenter à la vie de cet homme que je prends sous ma protection.

L’accent de la marquise était vibrant, elle venait d’évoquer le souvenir du roi martyr et parlait de pardon en son nom, le terrible tribunal se sentit fléchir.

— Madame, dit Machefer, prenez garde ! c’est notre tête à tous que vous nous demandez !

— Oh ! j’en réponds, dit la marquise.

— Cet homme est une bête fauve… murmura le président, il nous fera rechercher dans Paris.

— Vous fuirez ! dit la marquise.

— Il sera impitoyable ! dit Cadenet à son tour.

— Mon Dieu ! mon Dieu ! murmura la marquise éperdue, je ne veux pourtant pas qu’il meure.

Et elle tournait les yeux vers la porte demeurée entrouverte, comme si par cette porte, un secours du ciel eût dû lui arriver.

Et ce secours lui arriva.

Ce ne fut pourtant point un ange, mais une femme qui entra.

Cette femme, c’était Marion.

À sa vue, un nuage passa sur le front de Cadenet. Ce fut droit à lui que marcha Marion.

Elle lui mit une main sur l’épaule et lui dit :

— Je vous ai servi jusqu’ici fidèlement, aveuglément, à cause de lui, mais aujourd’hui, je refuse d’être plus long-