Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/75

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temps votre esclave, à moins que vous ne m’accordiez la vie de cet homme.

Et elle montrait Barras.

— De cet homme, ajouta-t-elle, que pour vous obéir j’ai fait tomber dans un piège infâme !

Quelques membres du tribunal murmurèrent hautement.

Mais Cadenet, bouleversé par l’apparition subite de Marion, leur imposa silence. Et son geste impérieux attesta éloquemment qu’il commandait à tous ces hommes.

— Citoyen Barras, dit-il, nous jouons notre tête, ceux de mes amis et moi qui avons osé te montrer notre visage à découvert, mais nous ne résisterons point à la prière de ces deux femmes. Tu ne mourras point.

Barras demeura calme.

— Tu es libre, dit Cadenet, et tu peux sortir d’ici. Quand à nous, sauve qui peut !

Et il regarda ses compagnons.

Mais Barras fit un pas en arrière, et regardant fixement Cadenet :

— Messieurs, dit-il, le citoyen Barras, condamné par vous et prêt à mourir, ne pouvait transiger. Il ne pouvait, sans forfaire à l’honneur, vous promettre le silence et l’impunité en échange de sa vie.

Cadenet, Machefer et les hommes masqués le regardèrent.

Barras poursuivit :

— Vous me rendez la vie et la liberté sans conditions, écoutez-moi donc à présent.

— Parlez, dit Machefer.

— À vos yeux, continua Barras, vous êtes des hommes