Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/99

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Mais l’officier avait eu le temps d’échanger quelques mots avec Jacomet.

Lorsque le comte Henri fut auprès d’eux, Jacomet retomba dans son mutisme.

Les deux chiens suivaient la tête basse ; car la nuit était venue, et leur maître les avaient couplés de peur qu’il ne leur prît fantaisie de rentrer sous bois.

Jacomet marchait le premier, et, comme il ne parlait plus, il s’était mis à siffloter un air de chasse,

Le chemin le plus direct pour se rendre à la ferme du père Brulé, qui se trouvait de l’autre côté des bois, dans la direction de Fontenay, était une grande ligne tortueuse qu’on appelait l’allée du Renard.

La neige était tombée depuis quelque temps, avec une telle abondance, que tout sentier frayé avait disparu ; et, comme l’allée du Renard traversait plusieurs carrefours sans poteaux, ni indications, la conduite de Jacomet était loin d’être inutile.

Un bûcheron seul pouvait aisément retrouver son chemin, la nuit, dans ces bois qui sont les plus fourrés de la contrée.

Le comte Henri prit le bras de son ami l’officier, et, laissant entre Jacomet et lui une certaine distance, il lui dit :

— Sais-tu pourquoi je m’occupe peu des incendiaires ?

— Non, dit l’officier avec curiosité.

— Parce que je suis amoureux.

— Je m’en doutais.

— Vraiment ?

— D’abord, tu as tout à la fois le physique et les airs