Page:Ponson du Terrail - Le Bal des victimes.djvu/98

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Le jeune homme saisit à deux mains la jolie tête de Myette et y mit un baiser.

Jacomet posa sur ses épaules sa veste en peau de chèvre, décrocha son fusil qui était placé horizontalement sur deux chevilles au-dessus de l’âtre, ouvrit la porte de la cabane et sortit le premier.

L’officier le suivit.

— Adieu, mon parrain, dit l’enfant qui à son tour, jeta ses bras autour du cou du jeune homme.

Puis elle approcha ses lèvres de son oreille :

— Restez un moment, dit-elle tout bas, je veux vous parler…

Le comte Henri ne put dissimuler un geste de surprise.

— Que peux-tu avoir à me dire, ma petite ? fit-il en la regardant.

Myette attendit que Jacomet et l’officier se fussent éloignés d’une vingtaine de pas :

— Monsieur Henri, dit-elle, je vous aime comme si vous étiez mon père, et je ne voudrais pas qu’il vous arrivât malheur.

— Hé ! que veux-tu donc qu’il m’arrive, ma petite ? — Mon père dit que vous avez tort d’aller aux Saulayes.

Henri tressaillit.

— Le chef de brigade vous guette… Il vous arrivera malheur, pour sûr, quelque jour, monsieur Henri…

— Tais-toi, dit brusquement le jeune homme.

Et il donna un dernier baiser à Myette, et rejoignit plus vite ses deux compagnons de route.