Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

2 NOUVEAUX SAMEDIS

d’Alger. Je ne prétends pas comparer les deux écrivains. M. Camille Rousset est un historien dans la plus complète acception du mot. Alfred Nettement n’avait jamais pu se défaire de deux défauts qu’il tenait de ses succès de collège et de ses improvisations de journaliste. Trop convaincu pour pouvoir être traité de rhéteur, il eût suffi d’un peu de malveillance pour le qualifier d’admirable rhétoricien. Sa littérature manquait de simplicité et de solidité jusque dans les genres qui en exigent le plus. Il semblait déclamer l’histoire au lieu de la raconter. Il avait l’air de faire à perpétuité du Bossuet, comme nous avions fait jadis du Salluste et du Tite-Live d’après le Concio ?ies y et l’on souriait malgré soi en voyant cet excellent homme, contemporain de Louis-Philippe et de M. Thiers, appliquer le style et les procédés de l’aigle de Meaux à une époque bourgeoise, démenti permanent des doctrines absolues de la Politique tirée de l’Ecriture sainte. En outre, on songeait, maintes fois, en le lisant, à la phrase légendaire : « Je n’ai pas eu le temps d’être plus court. » — Il y avait du Premier-Paris dans ses livres, et l’on eût dit que, dépensant tout son temps pour les écrire, il n’en gardait ni pour les méditer, ni pour les relire, ni surtout pour les abréger.

Mais me voici entraîné hors de mon sujet, et j’aurais mieux fait de laisser dormir en paix cette honnête mémoire. Ce que je voulais signaler, c’est la différence entre les deux dates. En 1856, l’Empire, s’il n’était pas