Page:Pontmartin - Nouveaux Samedis, 19e série, 1880.djvu/258

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tite somme. Des semaines et des mois s’écoulèrent. Pendant l’hiver, la vieille Rosalie, infirme et accablée par l’âge, mais ne voulant pas quitter son maître, demanda et obtint la permission de se faire aider par sa nièce Apollonie, qui vint, chaque jour, passer quelques heures à l’évêché. C’était une fillette de quinze à seize ans, mince, leste, active, qui apportait à son travail un zèle extraordinaire, et qui tout d’abord partagea le pieux enthousiasme de sa tante pour notre saint évêque. Sa dévotion exaltée et naïve donnait à ses grands yeux une expression dont s’inquiétait parfois la bonne Rosalie. Sa vocation, disait-elle, était de servir Monseigneur aussi longtemps que possible, puis d’entrer dans un couvent à titre de tourière ou de sœur converse.

Au printemps, Mgr Miollis reçut la lettre suivante :

« Mon cher évêque,

« C’est un vrai cadeau que tu m’as fait. Ton Pierre Maurin est un brave ; s’il n’a pas déjà une jambe de bois et un menton d’argent, ce n’est pas sa faute. J’ai commencé par prendre avec lui quelques précautions qui m’ont paru nécessaires. J’en ai fait un infirmier dans une de nos ambulances. Sa conduite a été parfaite, et il a achevé de me gagner le cœur par un trait de probité assez rare parmi nos épaulettes de laine. Le soir de la bataille de X… il était allé bien loin, au risque