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SOUVENIRS D'UN VIEUX CRITIQUE


son aide de camp Paulus, prissent le parti de ne pas donner plus de pages à Germinal, au Journal des Goncourt, à l’état-major de Médan, que de syllabes aux œuvres du duc de Broglie, de M. Camille Rousset, de M. Albert Sorel, et de bien d'autres que je me résigne à ne pas nommer, pour être plus sûr de n’en pas omettre. Il serait alors convenu que nous avons, comme de tout temps, une bonne littérature et une littérature exécrable, que celle-ci, comme les femmes tarées, ne demande qu’à faire parler d’elle, que peu lui importent l’indignation et le mépris, pourvu qu’elle y trouve les bénéfices du bruit, du scandale, de la vente à cent éditions, et que la meilleure pénitence à lui infliger serait de la passer sous silence. Lorsqu’un homme illustre, tel que le duc de Broglie, est arrivé à la plénitude de son talent, au versant d’une maturité féconde qui n’est pas encore la vieillesse, il y aurait quelque chose de désobligeant et, sous ma plume, de ridicule, à lui dire qu’il est en progrès qu’il vient de se surpasser. Mais, en vérité, je ne connais rien de plus empoignant que ces beaux chapitres où nous apparaissent tour à tour la majestueuse figure de Marie-Thérèse, la sèche et railleuse silhouette de Frédéric II, le légendaire sourire de Voltaire, l’ombre de la duchesse de Châteauroux, l’insolente beauté de madame de Pompadour, et le charmant visage de Louis XV, partagé entre les séductions de la gloire et les rappels du vice, rapproché de l’Église par la peur de la mort, ramené au plaisir par l’attrait du péché, bien coupable déjà, mais