Aller au contenu

Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
94
marylka

Hey ! vio ! et, rapide comme l’éclair, le traîneau noir passe lugubre dans le sillon éblouissant, se dirigeant vers le presbytère.

Et maintenant voici les cloches des morts qui sonnent, doucement d’abord, en un appel triste à cette âme là-bas qui vient à peine de quitter son enveloppe et s’attarde encore aux lieux où elle a souffert, auprès des êtres qu’elle a aimés. La voix de la cloche grandit, devient impérative ; elle raconte les douceurs de l’au-delà et le néant des choses de ce monde. Elle parle de sacrifice et d’amour pur, de récompense suprême, de réunion infinie ! Une à une vont s’égrenant au souffle du vent glacial les paroles mystérieuses que seules comprennent les âmes simples.

Dans le grand hall de la maison seigneuriale, sur un lit verdoyant de branches de sapin, le maître, revêtu d’une simarre de velours aux manches de soie cramoisie, ceint d’une écharpe tissée d’or, repose dans une auréole de lumières. Il paraît dormir.