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Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/220

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marylka

sonnable, s’incline devant les meilleures raisons du monde,… voilà tout ; appelez ça inclination, si vous voulez !… »

Dans l’étroite rue solitaire où les cailloux blanchis par le gel scintillaient sous la caresse du soleil, Voytek marchait à grands pas avec l’air hagard d’un homme ivre. Marylka faisait un mariage de raison ! elle souffrait… Oh oui !… elle souffrait, il le sentait maintenant ! Sa Marylka,… celle qu’en dépit de tout il n’avait pas cessé d’adorer… Et ce n’était pas vrai qu’elle avait menti,… ce n’était pas vrai qu’elle avait voulu se jouer de sa crédulité. Oh ! le doute, la méfiance ! et cet orgueil indomptable surtout, d’un cœur comprimé depuis l’enfance et qui n’a jamais eu l’audace de forcer les portes enchantées du bonheur ! Comme il s’en voulait maintenant !… Quels reproches sanglants il se faisait : elle souffrait, et lui, égoïste, aveugle,… il s’était complu dans sa propre misère, l’avait couvée, bercée, s’isolant de tous, et lorsque, dans