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Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/87

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marylka

de ses prunelles, ou notait au passage le fin retroussis de ses lèvres à chacun de ses sourires.

M. Ladislas n’avait fait au dîner qu’une courte apparition. Assis maintenant sur la terrasse, il assistait avec une véritable joie d’enfant aux ébats sur la pelouse de toute cette jeunesse, qu’une musique rustique composée de deux violons et d’une cornemuse faisait danser en ce moment.

Et c’était surtout la vue de sa fille chérie tournoyant aux bras de Thadée, et tout entière à la joie de danser, qui réjouissait son cœur.

En effet, Marylka semblait renaître à la vie ; une sorte de réaction se faisait en elle, et doucement elle se laissait aller à l’innocente griserie de vivre, d’espérer, et de se sentir belle et admirée. Mon Dieu ! est-ce un bien grand crime, quand on a dix-sept ans, que l’on vient de tant souffrir, et que, par un coup de magie, tortures, angoisses, inquiétudes, se sont évanouies ?