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Page:Poradowska - Marylka, 1896.djvu/88

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marylka

« C’est à vous que nous devons tous ces miracles », disaient ses yeux humides à son danseur, tandis qu’il l’entraînait fougueusement sur l’herbe de la pelouse dans une sorte de valse à rebours nommée oberek et que les musiciens rythmaient avec une verve endiablée. Lentement ils s’étaient mis à tourner sur place, lui la tenant enlacée par un bras seulement, et ployant si bas, à chaque tour de valse, que son genou effleurait presque le sol, en même temps que la pointe de sa botte vernie décrivait un demi-cercle sur le gazon.

Elle, souple comme un roseau, le corps légèrement rejeté en arrière, laissant flotter au gré du vent ses longues tresses enrubannées, les yeux fixes, la bouche souriante, un peu entr’ouverte comme ces anémones roses qu’on voit éclore au printemps sur le bord humide des prairies.

Autour d’eux les danseurs épuisés avaient fait cercle.

À la fin, Thadée fit faire à la jeune fille trois