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royal[1], recevait, avec tout droit reconnu d’hérédité, le gouvernement de l’Anjou, qu’il ne lui restait plus qu’à conquérir pied à pied par les armes et dont en quelques années il se rendit maître. Dès janvier 1207 le roi reprit en ses mains Saumur, Loudun et Bourgueil ; mais au lendemain de la mort du sénéchal, le duc de Bretagne, Pierre Mauclerc, éleva, à main armée, des prétentions, qu’au début d’une régence incertaine, il fallut à tout prix d’abord apaiser. Un traité signé à Vendôme le 16 mars 1227 lui accorda la possession des villes d’Angers, de Beaufort et de leur ressort[2], jusqu’à la majorité de Jean de France, alors âgé de huit ans. Ce contrat n’eut heureusement pas de suite, grâce aux intrigues nouvelles du duc, qui attirèrent à plusieurs reprises le jeune roi Louis IX avec ses armées en Anjou de 1230 à 1234, date de la soumission de Mauclerc. Louis y revint en 1241 pour la célèbre fête de la chevalerie[3] d’Alphonse, fils de France, à Saumur, et renouvela à Melun le 27 mai 1246 la même fête en l’honneur du prince Charles, le plus jeune des enfants de Louis VIII. Dans cette dernière solennité le roi, du consentement de ses frères Robert et Alphonse, assigna en apanage héréditaire au jeune chevalier, qui venait d’épouser l’héritière de la Provence, Angers, Saumur, Baugé, tout le domaine royal de Beaufort, l’Anjou tout entier, et de plus le comté du Maine, sous la seule charge de l’hommage. Des lettres patentes, datées d’Orléans[4] au mois d’août suivant, en consacrèrent l’investiture. Il faut remarquer aussi que dès l’acte de 1227 le petit prince Jean, qui allait peu après mourir tout enfant, est qualifié de comte d’Anjou et que cette constitution de l’apanage au profit d’un fils de France semble être entrée dès les premiers jours de la confiscation dans la pensée de Philippe-Auguste. Le traité de 1259 avec Henri III d’Angleterre ajoute bientôt une garantie entière de sécurité au jeune prince, en faisant taire toute prétention attardée des héritiers des Plantagenets.

Charles Ier d’Anjou inaugure une dynastie nouvelle des comtes, qui va épancher le trop plein du sang angevin vers la Provence et l’Italie, dans des conquêtes de gloire bruyante et des ambitions sans fin. L’apanage, érigé en comté-pairie par L’Anjou érigé en comté-pairie lettres de septembre 1297, fait retour au domaine dès 1328, par le couronnement de Philippe VI, héritier du troisième et dernier comte. — Rétabli le 17 février 1331, au profit de Jean, fils de France, il est de nouveau réuni à la couronne, par l’avénement du prince au trône de son père (1350).

Le second fils du nouveau roi, Louis, prend dès sa chevalerie (juin 1351) le titre de comte d’Anjou ; mais c’est seulement au retour de la captivité d’Angleterre que le roi Jean, « considérant la vraye amour, parfaite honneur et filial obéissance et le bon gouvernement de luy et que à toute ordonnance il s’est de grant voulenté exposé et offert à mettre son propre corps en hostage », lui attribua héréditairement, de mâle en mâle, — sous la seule réserve des régales, de la foi et hommage, du ressort

  1. Nos qui per totam Andegaviam permisssione Dei gladio ultimur regio, dit-il dans on acte de 1209. — Arch. de M.-et-L. H Chaloché, Rentes III. 256.
  2. D. Morice, I. 156.
  3. St Louis en Anjou, dans la Rev. d’Anj., 1853, p. 1 et 457, art. de M. Lemarchand ; — et dans la Bibl. de l’Ec. des Ch., 3e série, t. IV, p. 22, art. de Boutaric.
  4. Dedimus et pro parte terre assignavimus Andegavum cum pertinenciis in feodis et domaniis, Salmurum cum pertinenciis in feodis, Belgiacum cum pertinenciis in feodis et id quod habemus apud Bellum Fortem, Le texte intégral est publié par Lecoy de la M., Le Roi René, t. I. p. 205.