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Le 6 octobre 1787 se réunissait à l’Hôtel-de-Ville d’Angers la première session préparatoire de l’Assemblée provinciale, Assemblée provinciale. composée de 22 membres, les uns nommés par le Roi, les autres par une assemblée des trois provinces d’Anjou, Maine et Touraine tenu à Tours au mois d’août[1]. Elle était présidée par le duc de Praslin, assisté de deux procureurs-syndics élus, Dieusie et Desmazières. Du 20 au 27 octobre l’Assemblée fonctionne et organise la province en 16 Districts[2], tout en conservant les 6 Élections. Une Commission Intermédiaire, comprenant les abbés Dalichoux et Burgevin, le comte d’Autichamp, Boylesve de la Maurousière, BoulayCommission intermédiaire, du Martray, Davy des Piltières, Paulmier et Bodi, resta chargée d’assurer le fonctionnement de l’administration nouvelle[3] et siégea de fait jusqu’en juillet 1790. Par ses soins il fut procédé partout dans l’année à la première installation dans chaque paroisse d’une municipalité élue, — et en même temps à une enquête sur la situation déplorable des campagnes, où apparaît à plein partout le vide et la détresse du pays, l’absence des maîtres, l’émigration des travailleurs, les rivières obstruées, les routes défoncées, les défrichements qu’encourageait l’édit du 13 août 1766, rendus inutiles par le défaut d’engrais, les labours en proie au gibier des plaisirs seigneuriaux ou délaissés par routine en jachères infécondes, partant une population misérable, nourrie d’orge ou de sarrasin et, à quelques rares fêtes, de porc, de châtaignes, de noix, exaspérée contre l’exécrable gabelle, démoralisée par les gains faciles du faux saunage ou par les hontes de la mendicité dans le bourg voisin et trop souvent en bandes menaçantes.

Dès le 25 novembre 1788, une réunion des paroisses et des populations d’Angers, convoquée par le maire Claveau, émet un vœu énergique pour l’octroi d’États provinciaux périodiques avec une représentation double du Tiers ; mais toute émotion étrangère s’oublie devant la convocation, annoncée par lettres royaux du 27 janvier 1789, des États Généraux de Versailles. Du 1er au 8 mars, dans tous les bourgs de l’Anjou les cloches convoquent tous les habitants et bien tenants, inscrits au rôle des contributions et âgés de 25 ans, à formuler leurs doléances, dont l’exposé écrit estCahiers des paroisses. présenté le 9 dans une assemblée générale des cinq Sénéchaussées du gouvernement d’Angers, présidée par Milscent. Toute une légion de jeunes et hardis missionnaires, — Volney, la Révellière, Cordier, Leclerc, Tessiè, Delaunay, sans compter les inconnus recrutés dans tous les rangs, — se trouve prête et debout, lançant à tous les vent un appel ardent et en même temps des instructions sages et réfléchies, qu’écoutent et recueillent des milliers d’âmes confiantes. Ce sont les projets imprimés de la Révellière, de Volney, qui servent de types au plus grand nombre, et c’est Volney, c’est la Révellière, qui recensent et dépouillent au retour ces « Cahiers » populaires, où après les vœux émis d’un cœur unanime pour les grandes réformes publiques chaque communauté rurale expose ses propres misères et ses doléances pour le plus pressant secours. Tout l’Anjou de 1789 est là, avec l’aveu de sa détresse et de ses espérances, dans ces dossiers jaunes, d’aspect informe[4], de rédaction trop sou-

  1. V. aux Arch. nat. K 680 ; aux Arch. de Maine-et-Loire C 164-165. — Son sceau porte en légende : Assemblée provinciale d’Anjou et dans le champ les armes de la province : de France à la bordure de gueules.
  2. Angers, Baugé, Beaupréau, Brissac, Châteaugontier, Château-Lavallière, Châteauneuf, Cholet, Craon, Doué, la Flèche, Montreuil-Bellay, Sablé, St-Georges-sur-Loire, Saumur, Segré.
  3. V. aux Arch. de M.-et-L. les articles 164-214.
  4. Les Cahiers de la Sénéchaussée d’Angers sont malheureusement les seuls encore que j’aie pu retrouver.