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LoireLe culte rétabli.. Son installation eut lieu le 29. Dès le 7 février, l’église St-Serge à Angers avait été rendue publiquement aux pratiques du culte, et l’on peut dire qu’il fonctionnait régulièrement dans la plupart des paroisses, entretenu et réorganisé par la libre initiative des familles catholiques, quand le Concordat (15 juillet 1801) vint lui rendre une hiérarchie officielle et provoquer en Maine-et-Loire la protestation d’une Petite Église réfractaire, dont les derniers héritiers se rencontreraient peut-être encore vers Durtal et sur les anciennes marches du Saumurois et du Poitou. L’évêque Montault-Desilles, frère du préfet, prit possession de son évêché le 6 juin 1802.

Un Essai de Statistique[1] adressé au ministre de L’Intérieur dès le 30 fructidor an XSituation en l’an X. (17 septembre 1802), c’est-à-dire le jour même de la sortie du préfet Desilles, donne un état de la topographie politique et administrative, des routes, de la navigation, de l’industrie, de l’agriculture. Il peut être intéressant de constater que le bétail agricole compte à cette date 50 000 bœufs et 12 à 15 000 élèves, plus de 100 000 vaches, 16 à 20 000 chevaux, 1 000 à 1 200 mulets, 30 à 40 000 porcs, et la culture de la vigne 71 880 hectares, produisant année commune 437 610 hectolitres, consommés pour moitié dans le pays. La fabrique de Cholet occupait 5 000 tisserands, 10 000 dévideuses, 20 000 fileuses et mettait en circulation un capital de 5 millions. Des réfugiés avaient fondé à Angers diverses manufactures, qui faisaient travailler 200 métiers, 50 mécaniques, 100 dévideuses, 80 cardeuses ; une centaine de métiers pour siamoises étaient en mouvement à Saumur. La filature de chanvre, tant à Angers qu’à Beaufort, faisait vivre tant en ville qu’à la campagne 6 642 femmes et n’avait cessé de produire, même pendant les crises récentes, 400 000 aunes de toile par année. L’industrie locale comptait encore parmi ses principaux établissements deux fabriques de toiles peintes, dont une fondée le 10 nivôse an VII, occupant ensemble 550 ouvriers, une fabrique de bas au métier déchue des deux tiers, quatre imprimeries dont celle de Mame classée dès lors parmi les plus importantes de la province, quatre papeteries, une centaine de tanneries, 6 amidonneries dont 5 à Angers, 21 salpêtreries au lieu des 60, qui en 1790 avaient fourni jusqu’à 402 milliers de salpêtre, 10 fours à chaux et la verrerie d’Ingrandes. — L’Exposé du préfet Nardon, du 16 floréal an XI (6 mai 1803)[2], signale, au premier rang des préoccupations des intérêts publics, le dessèchement des marais de la Dive et de l’Authion, le rétablissement du canal du Layon, la construction d’un canal de jonction du Loir et de l’Eure, la réorganisation des prisons, des hospices, des écoles, l’achèvement surtout des vingt routes départementales, qui ne devaient pas même de longtemps obtenir un fonds suffisant d’entretien. Le Maine-et-Loire, dévasté par la guerre, avait été exempté jusqu’en l’an X de la conscription, et la première levée de l’an IX et de l’an X dut être encore de beaucoup réduite ; mais celle de l’an XI fut triplée, — et le préfet, qui ne craint pas de juger cette mesure « peut-être prématurée » et « le contingent excessif », en prend acte au moins, pour avertir que le Département est rentré ainsi sous la loi commune.

Le 10 août 1808 l’Empereur et l’impératrice Joséphine, revenant de Nantes,

  1. Le Mss. original, dont on peut attribuer la rédaction à Renou, existe aux Archives de Maine-et-Loire, in-folio, papier, de 171 pages. Il a été inséré par parties dans les Annuaires de 1802-1804.
  2. Il a été publié dans la Revue d’Anjou, 1852, p. 14-152.