Page:Porto-Riche - Bonheur manqué, 1889.djvu/40

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Dix ans, ma plume fut très lâche,
Car l’infortune m’écrasait ;
Mais j’ai repris l’ancienne tâche.
Jadis, madame, on me lisait.

Ah ! ma paresse expiatoire,
Je l’ai maudite en vous voyant.
J’ai bien souffert, c’est mon histoire :
Grâce à l’amour, je suis vaillant.

Laissons passer l’heure où nous sommes
Les gloires sont des talismans.
J’irai plus fier parmi les hommes,
Vous achèterez mes romans,

Vous m’applaudirez au théâtre,
Mon nom sera digne de vous.
Fameux alors, plus idolâtre,
Je vous ferai des vers si doux,

Que je vous donnerai peut-être,
Après un long malentendu,
Quelque désir de me connaître,
Et le regret du temps perdu.