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XXXI
POSTFACE

Parlement et rejetaient même ceux du Conseil ; enfin chaque chapitre noble ne s’en rapportait qu’à ses commissaires sur la naissance de ses candidats. Toutes ces preuves n’avaient pas la même valeur morale : aussi M. de Courcy a-t-il soigneusement désigné l’origine de chacune d’elles. Les plus suspectes de toutes, comme il le déclare, étaient celles qui reposaient sur un arrêt du Conseil. C’est là que firent reconnaître leur qualité presque toutes les familles irlandaises émigrées à la suite des Stuarts et dont un grand nombre furent naturalisées en Bretagne. Il n’est pas douteux que la naissance de la plupart de ces émigrés ne fût très distinguée ; mais ils produisaient généralement des généalogies remontant au viiie ou au ixe siècle. En présence de pareilles prétentions, M. de Courcy s’est abstenu de toute citation antérieure à leur établissement en France. Ce silence lui était commandé par les décisions du Parlement.[1] »

Ces généalogies, dit-on, sont certifiées par les rois d’armes d’Irlande ; mais il est bon de noter que, depuis leur institution moderne, ils acceptèrent sans contrôle toutes les déclarations des familles qui firent inscrire leurs généalogies dans leurs dépôts. La plupart sont d’ailleurs dressées par Jacques Tirry-Athlon, qui exerçait sa charge en France à la suite du roi Jacques. Aussi se garde-t-il d’indiquer le lieu d’où il date ses certificats, pour ne pas montrer qu’il n’a pas à sa disposition, à l’étranger, les titres originaux dont il délivre néanmoins des expéditions.

« Il est impossible (lit-on dans un rapport de 1776 sur la requête d’une famille irlandaise, pour avoir entrée aux États) d’avoir plus de confiance dans les généalogies dressées par le roi d’armes d’Irlande que nous n’en aurions dans celles qui, ayant été dressées par le juge d’armes de France, nous seraient présentées dénuées de pièces et de titres nécessaires pour la preuve de chacun des degrés qui y seraient articulés. L’office d’Ulster ou roi d’armes d’Irlande n’a été établi dans ce royaume qu’en 1551, et il n’est cependant pas rare de voir sortir du bureau de cet officier des généalogies qui remontent jusqu’au ixe siècle. Cela ne pourrait être s’il n’était pas libre à tous ceux qui le veulent, de faire inscrire sur les livres de remembrance du bureau héraldique leurs noms et même leurs généalogies sans représentation des titres au soutien, par le roi d’armes ou ses commis, qui ensuite en délivrent des expéditions à tous ceux qui en demandent et ne certifient que la vérité, en les déclarant extraites de leurs mémoriaux. Les attestations dont ces expéditions sont ensuite revêtues, quelque éminente que soit la qualité de ceux qui les donnent, ne peuvent inspirer plus de confiance dans ces sortes de généalogies ; elles ne font qu’attester l’état et les fonctions du roi d’armes, sans certifier même la vérité de sa signature.[2] »

Devant ces considérants de M. de Robien, procureur-général-syndic des États, on reconnaîtra que les généalogies irlandaises, quoique délivrées avec un grand appareil de formes authentiques, ne sont en définitive que la copie de documents sans autorité, et l’on ne s’étonnera plus que nous nous soyons abstenu, dans un

  1. Bulletin du bouquiniste, Paris, Aubry, No du 15 janvier 1862.
  2. Extrait des procès-verbaux des assises des États généraux et ordinaires des pays et duché de Bretagne, convoqués et assemblés par autorité du Roi en la ville de Rennes, l’an 1776.