Page:Potier de Courcy - Nobiliaire et armorial de Bretagne, 1890, tome 3.djvu/306

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ET DES USURPATIONS NOBILIAIRES 293

Revolution, le jour ou tous les deputes ne s’y trouvferent designés que sous leurs noms patronymiques, inconnus pour la plupart du public, et on n’a pas oublie 1’apostrophe de Mirabeau— redevenu Riquetti — aux ecrivains du Logographe : « Avecvotre Riquetti, vous avez disorients l’Europe. » Mais de mfime que la noblesse, dans Tancien droit, etait réputee s’etablir suffisamment par une possession centenaire, pendant iaquelle la méme famille avait vécu noblement, de mftme la famiile bourgeoise qui aurait porte pendant cent ans un nom de terre, aurait acquis, par une sorte de prescription, le droit de le conserver ; mais elle serait tenue de supprimer la particule de, puisque l’usage a fait de cette particule une sorte de titre nobiliaire de convention. Le gentilhomme non titré n’ayant plus que la particule précédant un nom de flef pourindiquer sa quality il serait logique d’interdire I’usage de cette particule k tous autres. Si toutefois on préférait la conserver aux bourgeois possesseurs de flefs depuis au moins cent ans, il y aurait lieu pour les families non titrGes, mais d’ancienne chevalerie, de faire suivre leur nom de la qualification de chevalier et pour les autres de celle d’tcuyer, comme cela se pratiquait en Bretagne dans les sifecles anterieurs. Dans les families decorées d’un titre héreditaire, les enfants pulnes pourraient ajouter a leur nom patronymique : des comtes ou des marquis de...., usage suivi en Ilalie et qui n’est pas sans precedents en Prance.

Sous le benefice de ces rfcglements, avec l’obligation pourchacun de ne signer, et pour tous offlciers de retat civil, notaires ou autres, de ne rapporler aucun acte sans la mention du nom patronymique des parties ; avec Tinterdiction d’y joindre aucun titre non reconnu ; avec un catalogue de la noblesse domiciliee dans chaque arrondissement, catalogue conserve aux greffes destribunaux ; avec un nvensement periodique comme celui de la population, et avec une amende portee au role de la contribution de ceux qui Tauraient encourue et perdue de la mSme manifcre que l’impdt, bien peu d’usurpateurs de noblesse echapperaient au coup de la loi. Le Tresor public s’enrichirait de cette amende sur la vanite, comme il s’enrichirait du droit etabli k l’enregistrementdes titres ; et ce genre d’impdt, & la difference de tous les autres, obtiendrait la sanction populaire.

L’arme de repression, une fois mise en etat de servir, ne doit pas &tre une arme de parade ou de musée qui reste inactive et ne frappe pas le coupable. Mais une fois le travail depuration oper6, la noblesse ancienne verrait, sans aucun deplaisir, rémunerer par des distinctions nobiliaires, comme ils l’ont 6té a toutes les epoques, les services recents rendus a la patrie. Cette noblesse ancienne ne vient-elle pas de l’epee, dela possession du sol et de radministratioji de la justice ? La noblesse nouvelle proviendrait des mSmes sources ; et puisqu’une infinite de families s’eteignent, pourquoi ne renouvellerait-t-on pas, dans de sages limites, les races patriciennes ?

Le peuple tiendrait a orgueil d’avoir fourni de son sein des hommes arrives 

par leur valeur personnelle a jouir des premieres distinctions hohorifiques dans l’fitat. D’ailleurs, ce n’est pas d’aujourd’hui que la noblesse va se recruter dans les autres classes de la societe pour combler les vides laisses dans ses rangs par les guerres et les revolutions. « Les hauteurs un peu frivples de la noblesse, dit M. Guizot (Mimoires, t. I ar , p. 295), n’ont pas empSche la bourgeoisie de s’61ever et de