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Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/138

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Et qui frappez-vous, fusilleurs ?
Le mineur, des damnés le pire !
Et vous livrez ces travailleurs
Aux juges pourris de l’Empire.
Malgré les lois et la raison,
La rancune de sacristie
Tient ces pauvres serfs en prison :
Pas de fête sans l’Amnistie !

Prisonniers, pauvres, je vous plains,
La misère ronge à son aise
Vos veuves et vos orphelins.
Et nous chantons la Marseillaise !
Au grand hymne roulant ses flots
Qui fait cette sombre partie ?
Familles, ce sont vos sanglots !
Pas de fête sans l’Amnistie !

Lorsque Prud’homme et Ducatel
Ceignent le brassard tricolore,
J’aperçois Louise Michel,
Qu’au bagne, on ose mettre encore.
Qu’en pillarde on a travestie,
Me met en main son drapeau noir :
Pas de fête sans l’Amnistie !

En quatre-ving-dix, quels élans !
Ce jour fut la fête sacrée,
Le Champ-de-Mars vit sur ses flancs
Toute la France fédérée ;
On sentit les cœurs s’embraser
De fraternelle sympathie ;
Ce fut un immense baiser.
Pas de fête sans l’Amnistie !