Page:Pottier - Chants révolutionnaires.djvu/68

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Me dit : Tu gagnes le ciel.
Bénis ta misère.
― Quoi ! pour mon salut
Ce jeûne absolu,
C’est très bien,
Très chrétien !
Que Dieu vous le rende,
J’aime mieux la viande !

Un meneur fort amical
Me dit : Prolétaire,
Prends un Bourgeois radical
Pour ton mandataire.
― Tout Bourgeois, mon cher,
Nourri de ma chair,
Sur mon gain,
Sur ma faim
Touche un dividende,
J’aime mieux la viande !

Pour qui ces torches là-bas ?
Ces prêtres bizarres ?
Quel est ce dieu ? ― le bœuf gras !
Sonnez les fanfares !
Animal divin,
Terrassant la faim,
Tu nourris
Nos esprits.
Que chacun m’entende !
J’aime mieux la viande !


1874.