Page:Pottier - Chants révolutionnaires - 1887.djvu/86

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Morigénant la populace,
Qu’ils craignent plus que l’étranger,
lls laissent, dans leur main mollasse,
Quatre-vingt-treize se figer.

L’accapareur, âpre vermine,
Fait le vide dans les marchés,
Et, souliers percés, la Famine
Fait queue, aux portes des bouchers.
Révoltez-vous, sombres familles,
Vous, meurt-de-faim, toujours déçus,
Éclatez comme des torpilles,
Puisqu’on veut vous marcher dessus.

Chez les chamarrés, rien ne bouge.
Va-nu-pieds, marchons de l’avant,
Nommons une Commune rouge,
Rouge, comme un soleil levant !
Quittant la tactique enclouée
De nos généraux de carton,
Nous irons faire une trouée,
Guidés par l’ombre de Danton !

Et dès ce soir, ivresse folle,
Favre et Trochu sont conspués ;
Paris danse la Carmagnole
Autour des murs évacués ;
Et l’on verra la plèbe saine,
Traquant les francs-fileurs bourgeois,
Brancher la race des Bazaine,
A tous les vieux chênes gaulois.