Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/104

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vis. Voilà du beau courage, Ma’me Duval, et vous pouvez être fière de votre garçon, allez  »  !…

La mère Duval, maintenant rassurée sur le sort de son fils, n’en demeurait pas moins soucieuse. Certaines paroles de la mère Thibault lui revenaient à l’esprit ; elle avait peur de comprendre dans ces relations que lui exprimait l’hôtelière entre son fils et cette jeune fille, une explication du silence et de l’absence de Paul.

« Mais, ce n’est là, en somme, qu’une amusette, » se dit en conclusion la mère de Paul.

Pour le moment, elle n’avait qu’à s’estimer heureuse que son fils fut sorti vivant de la terrible aventure de la veille.

Paul arriva, quelques instants après, et courut embrasser sa mère. Mais il resta visiblement embarrassé… Il avait maintenant conscience de ses torts envers les siens qu’il avait oubliés… envers Jeanne que la présence de sa mère lui rappelait tout à coup douloureusement… Jeanne !… Ah ! comme il oubliait vite ; comme elle lui semblait loin maintenant dans son souvenir, la douce petite fiancée des Bergeronnes et comme elle tenait plus, maintenant, dans sa vie, la pâle malade qu’il venait justement d’entrevoir étendue dans un lit de fleurs. Il n’avait pas osé pénétrer dans la chambre et avait simplement demandé des nouvelles. On lui avait dit que tout allait bien et que dans quelques jours la malade pourrait se lever ; le médecin avait déclaré qu’il ne s’agissait que d’un choc nerveux. Et Paul était parti heureux.