Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/115

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mains et entra de plein pied dans la question. Il savait, au reste, par expérience, que les détours ne prenaient pas avec sa fille. Il jeta un regard effaré sur sa femme, puis, sans lever les yeux sur Blanche :

« Fillette, » dit-il, « M. Vandry vient de me demander la main de Mademoiselle Blanche Davis… Voyons, Blanche, ne voudrais-tu pas devenir Madame Gaston Vandry… C’est un jeune homme d’avenir, tu l’as dit souvent… et je suis sûr qu’il te rendra la plus heureuse des femmes. »

Blanche, à cette attaque directe, eut un petit éclat de rire nerveux, et répondit résolument :

« Non… mon père, merci… Je ne veux pas devenir Madame Gaston Vandry.

— Cependant, poursuivit le père devenu sévère tout à coup, tu as déjà manifesté devant moi le désir de te marier… Mademoiselle, ajouta-t-il avec ironie, voudrait-elle alors nous dire le nom de celui qu’elle a choisi pour gravir avec elle les sentiers fleuris de l’Hyménée ? Nous avons un peu le droit de le savoir, je pense.

— L’homme à qui j’ai donné mon cœur, père, se nomme Paul Duval ; il est maître d’école à Tadoussac ; je l’aime et il m’aime… et vous n’ignorez pas qu’il m’a sauvé la vie. Votre devoir, mon père, est de rendre heureuse votre fille en consentant à son union avec celui qu’elle aime.

— Elle est folle, s’écria douloureusement M. Davis.

— Mademoiselle, interrompit Madame Davis, j’es-