Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

s’était fait dans sa vie et rien ne pouvait le combler. Sa mère était revenue plusieurs fois et avait insisté à chacune de ses visites, pour l’emmener avec elle aux Bergeronnes. Elle espérait que la présence de Jeanne serait un baume aux blessures de son fils. La brave femme n’était guère rouée aux caprices du cœur. Mais le souvenir de l’autre était encore trop vivace dans le cœur de Paul pour que celui-ci conçut les espoirs de sa mère. Au reste, la vue de la petite oubliée des Bergeronnes serait une nouvelle souffrance pour lui : la souffrance rongeuse du remord. Il trompa sa mère encore une fois en lui promettant qu’il partirait pour les Bergeronnes au milieu de l’automne. Et, pour donner plus de poids à sa promesse il annonça à sa mère qu’il ne renouvelait pas son engagement à l’école de Tadoussac et que les commissaires s’étaient assuré les services d’une institutrice pour l’année scolaire qui commençait.

Quelques jours après le départ de la famille Davis, la mère Duval partit, elle aussi, de Tadoussac, contente, cette fois, emportant dans son cœur l’espoir du retour prochain et définitif de son fils à la terre paternelle…

Alors, une lourde mélancolie, un suffoquant ennui pesèrent sur le jeune homme pendant les jours qui suivirent. Il passait ses journées à errer dans le parc, recherchant les endroits quelques semaines auparavant il avait passé de si bons instants en compagnie de Blanche Davis. Il s’isolait dans de longues extases, les yeux perdus dans le lointain du fleuve où il avait