Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/131

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

à la margelle du vieux puits dont les griffes des vieilles racines empêchent seules les pierres de tomber : « vous ne vieillirez pas davantage » ; on peut préserver leur délâbrement ou d’injures nouvelles du temps, ou des restaurations outrageantes des hommes et, savamment, entretenir leur caducité ; mais comment déclarer aux habitants d’un village : « Vous êtes délicieusement démodés ; vous vous encroûtez dans la routine et cela nous fait plaisir ; vos maisons, vos outils sont d’un « rococo » qui enchante notre dilettantisme… Au nom de l’esthétique, par amour du passé et pour le culte de l’art, au nom du démon des musées et des bibelots, nous vous donnons défense de vous moderniser… »

Un jour, on apprit aux Bergeronnes, que des messieurs de Québec étaient venus visiter la chute qu’ils annoncèrent ensuite avoir achetée du gouvernement ; ils précisèrent bientôt leurs intentions qui étaient de construire un grand moulin dans le village. Les forêts étaient proches et elles fourniraient l’épinette en abondance pour l’industrie des madriers et des planches.

À la fin d’août, on vit arriver des arpenteurs et une foule d’autres gens qui se livrèrent, autour de la chute, et même sur la terre du père Duval, à des opérations qui indiquèrent clairement aux habitants que le projet du moulin était sérieux. De plus, à plusieurs reprises, on vit entrer ces messieurs chez le père Duval ; enfin, on annonça, un jour, que les