Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/165

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

est trop de travail, et qu’il va falloir vendre ; même que je le vois bien souvent, la nuit, qu’au lieu de dormir, il songe tout éveillé ; moi aussi, je fais bien souci de tout cela. Il y a des fois que le chagrin me prend et il me passe toutes sortes d’idées.

« Mais qu’importe, pourvu que le Bon Dieu garde toujours mon pauvre garçon comme je le lui demande et qu’il ne puisse rien lui arriver de mal par mauvaise conduite ; je serais trop malheureuse si ça arrivait.

« Au commencement, il nous venait de temps en temps à ton père et à moi des idées qui nous faisaient peur ; c’est que tu ne reviendrais plus et que tu resterais là-bas ; mais maintenant, c’est parti et ça nous dit que tu vas revenir. Jean Thérien avait tantôt cette même idée-là. Vois-tu, ça ne peut pas tromper ces choses-là. Autrement, si tu ne revenais pas, j’aimerais mieux mourir tout de suite et ton père aussi. Tu nous fais déjà assez souffrir par ton silence à nous écrire. Enfin, prie bien le Bon Dieu, mon pauvre Paul, ne l’oublie pas et il saura bien arranger tout cela.

« Les gens des Bergeronnes s’informent beaucoup de toi et de quand tu vas revenir. Ils t’aimaient bien tous, bien qu’ils t’aient tenu en froid souvent. André ne veut jamais parler de toi et c’est encore une souffrance pour moi parce que je sais qu’il t’en veut d’avoir abandonné la terre. Enfin, quant à Jeanne, elle a, elle aussi bien de la peine, mais elle est bien courageuse.

« En terminant, conduis-toi comme un homme