Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/166

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sage et rangé sur qui on aura jamais rien à redire. On t’embrasse tous et surtout Jeanne et moi et on te demande, si au moins tu ne reviens pas, de nous écrire… Ta mère. »

À la campagne, on n’apprend guère à exprimer les sentiments du cœur. Les femmes et les jeunes filles élevées aux champs sentent, quelquefois plus que les autres même chez qui souvent une sorte de sensiblerie et de sentimentalisme puisée dans la lecture des romans, ont remplacé les sentiments naturels du cœur. Mais chez les paysannes, les mots manquent pour rendre leurs émotions et leurs pensées ; le vocabulaire raffiné de la passion est fermé pour elles et elles ne savent traduire ce qu’elles éprouvent qu’à l’aide de phrases simples et naïves, dans une écriture mal exercée où les lignes chevauchent les unes sur les autres, sans artifice…

Quand André vint chercher sa mère, l’étoile du Berger piquait son clou d’or dans le ciel sombre qui laissait prévoir de la neige pour le lendemain.



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