Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/179

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vaux. Ils semblent les seuls êtres vivants dans ce village désert. Une remarque du jeune homme résonne étrangement dans l’air que rend encore plus sonore une subite accalmie de la bourrasque :

« Je crois que nous aurons, ce soir, une rude tempête.

— Oui, nous allons avoir encore une bien vilaine « minuit », répondit la jeune fille, essoufflée par la marche rapide dans la neige mouvante.

Car c’est, ce soir, la messe de la Nativité, la grande, imposante et toujours nouvelle cérémonie nocturne de la messe de minuit, la « minuit » comme vient de l’appeler la jeune fille qui est Jeanne Thérien.

Son compagnon est André Duval qui, à la demande de sa mère, est allé chercher la fille du menuisier pour l’aider à faire, dans l’après-midi, les croquignoles des Fêtes.

Noël à la campagne ! Il semble que le sujet soit épuisé depuis longtemps ; n’en a-t-on pas fait sonner, en effet, toutes les notes : notes gaies, notes tristes, sentimentales ou enfantines ? Resterait-il encore quelque chose à dire sur cette fête par excellence des petits enfants aux boucles blondes et des vieillards aux mèches argentées, du miséreux dans son taudis comme du riche dans ses lambris dorés ; la fête de tout le monde ? Mais les redites ont des charmes quand il s’agit de Noël ; c’est qu’elles nous rappellent tant de petits poèmes gracieux, tant de gaies et tendres idylles, tant de soirées familiales vécues avec les nôtres, toutes choses dont notre mémoire ne se lasse