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L’APPEL DE LA TERRE

trouvent la chambre d’André et celle dite des étrangers.

Les murs et les cloisons de ces pièces sont tapissés de vieux journaux mais tout est de la plus engageante propreté. La grande horloge carrée, qui sert aussi de coffre de sûreté, est solidement placée sur une tablette, au-dessus de la grande table de famille. À côté se détache en noir la croix de Tempérance ; partout ailleurs s’étalent des lithographies des moins esthétiques : l’une de la Vierge à la Crèche, une autre du Roi Edouard vii et une troisième d’un chef politique du pays que l’on a découpée d’un grand journal illustré.

Pour l’heure, la mère Duval finit de laver son plancher et tout sent net dans la maison. Demain n’est pas dimanche mais c’est jour de fête quand même puisque Paul doit venir. Tout l’après-midi, les poules ont pu picorer tant qu’elles ont voulu les « carrés » du jardin ; le futur « ragoût » en a même profité pour déraciner une bonne douzaine de choux et toute une plate-bande d’oignons sans s’entendre menacer du plus léger coup de balai.

Les faucheurs vont bientôt rentrer…

Ils s’en revenaient, en effet, à travers les champs, assis tous deux, les pieds ballants, sur la charrette que traînaient à petits pas mesurés les bœufs roux.

Encore une rude journée finie !

Le soir descend, un beau soir dont les deux hommes peuvent distinguer, derrière eux, à l’horizon de la prairie, les sourires mélancoliques… Quand ils