Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/21

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
14
L’APPEL DE LA TERRE

Un drôle de maître d’école toutefois que ce Paul Duval ! C’est en vain que l’on eût cherché en lui quelque chose du type classique de l’instituteur des campagnes.

C’était un assez joli garçon de vingt-cinq ans, aux traits énergiques mais tempérés par une douceur inexprimable. Toute sa physionomie respirait la fierté et un peu aussi la mélancolie. Brun, les cheveux crépus, le nez fin et légèrement busqué, il promenait autour de lui deux prunelles ardentes, inexpertes aux ruses, et où l’âme à toute occasion, se trahissait. Sa figure méditative révélait dans la courbe du menton le dessin des lèvres et la ride verticale qui commençait à se creuser entre les sourcils, une nature studieuse douée d’une calme vaillance. Une fine moustache brune accentuait la pâleur de son visage teinté par le hâle persistant qui disait les journées vécues dans la vibration du soleil.

Paul Duval, depuis deux ans, était instituteur dans le village de Tadoussac. Quand il avait quinze ans, son père avait voulu ajouter à tant d’autres sacrifices celui de le faire instruire ; Paul, du reste, montrait de bonnes dispositions pour l’étude. On espérait en faire un prêtre ; il se fit maître d’école.

Aimait-il sa profession ou son métier ?

Il eut été difficile de l’affirmer. Ce que l’on pouvait dire, c’est qu’il était exact et docile. Son humble conception du devoir lui permettait d’affronter avec entrain les ennuis et les duretés de cette vie de pédagogue…