Page:Potvin - L'appel de la terre, 1919.djvu/72

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aux jours de sa gloire. C’est ici même, en cet endroit, mon fils, que le bras du Tout-Puissant, avait lancé, à travers les espaces, ce monstre orgueilleux qui ne cessait de vomir sa haine dans le fleuve devenu son cachot.

Or, un clair matin, un géant merveilleux s’en vint chasser ici ; c’était Mayo, notre premier ancêtre. Il était grand comme l’un des pins qui couronnent le sommet de ces caps et il était si fort qu’il arrachait de ses bras nerveux les plus puissants sapins de nos forêts… Depuis deux jours entiers, Mayo, parti de cette baie, là-bas, où l’astre qui nous éclaire va bientôt surgir, poursuivait sa course et, pour la dernière fois, l’aube allait blanchir l’horizon avant qu’il n’arrivât dans son domaine de chasse… Que voit-il soudain ? Devant lui, le fleuve en courroux se soulève par bonds furieux et il agite ses flots comme sous les efforts de l’ouragan dans les bois de tes pères… Et le canot de Mayo ne veut plus avancer. Le père de nous tous avait reçu du Très Haut une promesse solennelle. Dans ses instants de détresse, il n’avait qu’à crier vers lui pour éprouver aussitôt les effets de son bras vengeur. Le Sublime Chasseur jette un cri vers le ciel puis il s’apprête à dompter le monstre qu’il cherche à distinguer au milieu du fleuve. Enfin, il aperçoit sa face grimaçante et il voit sa tête affreuse qui se dirige vers lui. Mayo nage avec vigueur vers la rive. Tout à coup, le monstre fait un bond et s’élance sur le canot du géant. Mais Mayo l’attend ; à cet instant une force surnaturelle se glisse dans ses vei-